Wanderlust est un terme d’origine allemande qui signifie littéralement “désir de voyage” ou “envie de partir”. Il décrit un profond désir ou une soif irrésistible de découvrir le monde, d’explorer de nouveaux horizons et de s’aventurer vers l’inconnu mais ne se traduit pas en Français... Comme "saudade" en portugais il y a des mots intraduisibles.
Après des années à dissequer la science, technique et l'innovation entre autres matérialités, je dédie désormais mon temps à la "Wanderlust" qui n’est pas uniquement une action (voyager), mais aussi une attitude intérieure qui valorise l’exploration, la curiosité et l’ouverture au monde. Imitant Goethe qui considérait le voyage comme un moyen essentiel d’approfondir sa compréhension du monde et de soi-même. Goethe était aussi un scientifique amateur passionné, et ses explorations étaient souvent motivées par une curiosité intellectuelle, notamment en botanique, géologie et météorologie.
Dans certains de ses poèmes, comme "Über allen Gipfeln ist Ruh" (Au sommet de toutes les collines, il y a le repos), Goethe capture une sorte de mélancolie contemplative qui résonne avec la Wanderlust. Ce désir de voyage est souvent accompagné d’une quête d’apaisement ou de sens dans l’infini du monde.
Plus modestement, j'essaie de faire cela au travers de la photographie.
Contre le tempus fugit, on peut construire une cathédrale, cultiver son champ de blé, faire des enfants, remplir une bibliothèque de ses propres livres, laisser une statue à son effigie, produire un corpus, des lois, une politique, ou conduire la révolution des institutions. C'est l'option historique : on pèse sur le temps. Il y a une autre solution, celle que j'ai choisie : c'est l'usage du monde. C'est choisir non pas de s'inscrire dans les Temps (puisque de toute façon, rien ne survivra), mais de capter les chatoiements, les bonheurs de la vie. De rafler, de moissonner ce qu'on peut. D'accumuler des sensations et des souvenirs plutôt que des lauriers, des expériences plutôt que des récompenses. Sylvain Tesson